Reverie
31
janv.
2010
Réverie
En soupant lentement sous une treille brune
Dont Les beaux muscat blancs luisaient au clair de lune,
Tandis que pour moi seul, dans la nuit, un oiseau
Chantait vers le tilleul, je pensais à Rousseau...
Un soir divin et frais venant après l'orage.
Devant le banc de bois du rustique Ermitage,
Une jeune servante avait mis le couvert.
Quelques gouttes tombaient du feuillage plus vert.
Un vase sur la nappe était plein de pervenche,
Madame d'épinay portait- c'était dimanche,
Son Chapeau de bergère et son corsage ouvert,
Pure fraîcheur du soir ! on apportait la lampe.
Et jean-jacque songeait, un doigt contre sa tempe,
La servante heurtait les plats dans la maison,
L'étoile du berger montait à l'horizon,
Et quand mourait au loin de bruit du char qui rentre
On entendait couler la source dans son antre
Et Chanter La rainette et le grillon perdu.
Madame d'épinay caressait son bras nu.
Rose et rond sur la table, et parfois son haleine
Dans son corsage creux enfilait sa gorge pleine
Qu'une Tremblante et tiède ligne séparait
Un léger vent coulis qui passait murmurait
Dans les arbres du parc une plainte endormie,
Et Rousseau, souriant, regardant son amie,
En feuilletant, distrait, un petit livre gris,
A côté d'un panier plein de cerises blanches,
Un petit livre simple et sans ors sur les tranches
Que Denis Diderot envoyait de Paris.
(La Maison du Poète)
Albin Michel, Ed.
De lèo Larguier
(1876-1950)
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